Dix conseils pour un jardin bioclimatique

Dix conseils pour un jardin bioclimatique

En Belgique, le jardin n’est plus seulement un espace de loisir ou d’esthétique, il est aussi devenu un outil précieux d’adaptation et de résilience face aux dérèglements climatiques. Hausse des températures et gel impromptu, sécheresses estivales, pluies torrentielles, perte de biodiversité… nos écosystèmes sont mis à rude épreuve. Comment s’adapter et agir en Belgique face au changement climatique ? Voici dix conseils concrets et locaux pour concevoir un jardin bioclimatique adapté aux réalités belges d’aujourd’hui et de demain.

1. Observer son terrain et comprendre son microclimat local

En Belgique, le climat tempéré tend vers des extrêmes plus marqués : canicules plus fréquentes, pluies plus intenses, hivers plus doux. Avant toute action, observez les vents dominants (souvent de sud-ouest) additionnés ponctuellement de vents d’est très desséchants pour les zones d'ombre (sous les hêtres, chênes, noisetiers ou éventuellement certains fruitiers) ainsi que pour les zones plus exposées au soleil, les cuvettes où l’eau s’accumule ou, au contraire, les zones de sécheresse. La texture du sol est également à prendre un compte : un sol constitué de sable étant plus drainant et plus sujet au stress hydrique qu'un sol lourd de type argileux qui retiendra bien l’eau mais se compactera et s’imperméabilisera tant à l’air qu'à l'eau plus aisément.

Pourquoi est-ce important ? Anticiper les impacts du changement climatique localement, c’est la première étape pour un jardin résilient et pérenne.

 2. Favoriser des plantes indigènes, rustiques et résilientes

Les plantes locales comme le sureau noir, l’ortie, la marguerite ou la cardamine des prés sont adaptées au climat belge et favorisent la biodiversité. Préférez des variétés rustiques, peu gourmandes en eau, capables de supporter les hivers doux et les étés secs. Il est essentiel de bien connaître sa station afin de s’y adapter plutôt que de chercher en vain à modifier cette dernière.

Enjeu climatique : limiter les arrosages, éviter les pertes de plantations lors des pics de chaleur ou de gel tardif.

Le pissenlit est un exemple parfait de légume oublié qui présente pourtant énormément de potentiel de par sa résilience.

 3. Planter pour la biodiversité : un refuge face à l'effondrement

Les populations d’insectes, d’oiseaux et de petits mammifères s’effondrent. Offrir un abri à cette biodiversité est un acte de résistance écologique. Installez des haies mixtes (aubépine, noisetier, charme), laissez pousser des zones sauvages, plantez des fleurs nectarifères comme la centaurée, la lavande ou le trèfle.

Enjeu climatique : Une biodiversité riche stabilise l’écosystème et limite les proliférations d’espèces invasives ou nuisibles.

La centaurée des montagnes est une plante vivace, résiliente et très nectarifère tant pour les abeilles que pour d’autres insectes tels que les fourmis.

4. Récupérer et retenir l’eau : un bien précieux

En Belgique, les épisodes de sécheresse estivale sont de plus en plus fréquents, notamment en Flandre. Dans le même temps, les fortes pluies provoquent des inondations. Installez des récupérateurs d’eau de pluie, des bassins d’infiltration, et privilégiez les sols perméables.

Astuce : Aménagez un jardin de pluie ou une mare naturelle pour réguler l’eau et soutenir la biodiversité aquatique, tout en fournissant des points d’abreuvement pour la faune en période sèche.

 5. Créer des brise-vents et des zones d’ombrage naturelles

Les vents puissants dessèchent le sol et abîment les cultures. Les haies mixtes indigènes (charme, érable champêtre) protègent efficacement tout en hébergeant de la faune, elles peuvent en plus être complétées d’espèces fruitières pour l’avifaune (cornouiller, viorne) mais aussi pour l’humain (groseillier, aubépine). De même, les arbres caducs (tilleul, chêne) procurent de l’ombre en été et laissent passer la lumière en hiver, tout en fournissant des feuilles utiles au paillage.

Enjeu climatique : réduire l’évaporation de l’eau, créer des îlots de fraîcheur, protéger les plantes sensibles.

 6. Soigner le sol, un allié contre le changement climatique

Un sol vivant est une éponge naturelle qui stocke l’eau et le carbone. En Belgique, de nombreux sols sont compactés par les tondeuses ou appauvris par des produits de synthèse. Apportez du compost, du fumier bien mûr, utilisez des engrais verts comme la moutarde ou les vesces et surtout paillez à l’aide de broyats, écorces ou feuilles mortes les zones normalement nues.

Le saviez-vous ? Un sol bien nourri stocke davantage de carbone que l’atmosphère, agissant comme un puits de carbone naturel.

7. Composer avec le soleil belge... et son intensification

Même si la Belgique est un pays au climat doux, les rayons solaires deviennent plus intenses, notamment dans les zones urbaines et pavillonnaires. Orientez vos cultures les plus gourmandes vers le sud, tout en installant des ombrières végétales (haricots grimpants, vignes, houblon). Une culture étagée avec les plantes plus gourmandes en soleil protégeant les espèces moins exigeantes permet de multiplier cultures et récoltes, la forme ultime de ces pratiques conduisant à la formation d’un “jardin-forêt”.

Astuce bioclimatique : un mur orienté au sud peut servir de “radiateur solaire” pour des plantes méditerranéennes.

 8. Désimperméabiliser et végétaliser les circulations

Les cours, allées et parkings pavés ou bétonnés empêchent l’eau de s’infiltrer. Remplacez-les par des matériaux drainants (graviers, pavés jointés à l’herbe, copeaux). Cela réduit les risques d’inondation, notamment dans les régions comme la Wallonie, plus exposées aux crues.

Enherber les pavés plutôt que les cimenter, une pelouse un peu plus haute que tondue à ras, tout cela permet de limiter les phénomènes de ruissellement et de mieux faire usage de l’eau qui retourne au sol plutôt que de le lessiver.

Enjeu climatique : Favoriser l’infiltration, réduire le ruissellement et limiter les îlots de chaleur.

Légende : Le pavage à joints enherbés permet à la végétation de s’installer et d'absorber l’eau lors de fortes pluies.

 9. Réduire les interventions humaines

Un jardin bioclimatique est un jardin qui s’autorégule. Cela signifie tondre moins souvent, tailler en fin d’hiver pour laisser la nourriture aux oiseaux, ne pas arracher les “mauvaises” herbes mais observer leur utilité. Moins on intervient, plus le jardin devient autonome. Sur le long terme, et après s’être cultivé plus que son jardin, on apprend à travailler avec la nature plutôt que contre celle-ci.

 10. Jardiner en suivant le rythme des saisons

En Belgique, les saisons restent bien marquées. Respectez les périodes de semis, de repos et de floraison. Évitez de forcer les cultures hors saison. Cela réduit les besoins en engrais et arrosages, et respecte les cycles naturels du vivant. L’observation est le maître mot et apprendre la phénologie des espèces permet d’agir au meilleur moment afin d’optimiser ses activités.

Enjeu climatique : Moins de stress pour les plantes, moins de ressources utilisées, plus de résilience.

Conclusion : Le jardin, acte de résistance et d’espoir

Face aux défis climatiques qui touchent déjà la Belgique, le jardin bioclimatique est un laboratoire de solutions locales. Il offre des refuges à la biodiversité, stocke de l’eau et du carbone, et surtout, il remet le jardinier au cœur d’une relation humble et respectueuse avec la terre. C’est un geste simple, mais puissant. Car transformer son jardin, c’est déjà transformer le monde.

Article extrait de L'Érable numéro 3 de 2025, spécial jardin bio-climatique.

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