Biodiversité urbaine : un BioBlitz au Vogelzang avec les CNB
En avril, les étudiant·es en biologie de l’ULB ont quitté les auditoires pour explorer la biodiversité urbaine de la réserve naturelle du Vogelzang, lors d’un BioBlitz en partenariat avec les CNB. Deux jours d’inventaire intensif, riches en apprentissages et en découvertes naturalistes.
Les 17 et 18 avril derniers, les étudiant·es de troisième année en biologie de l’Université libre de Bruxelles ont troqué les bancs des auditoires contre loupes, jumelles et carnets de terrain pour une activité de recensement grandeur nature : un BioBlitz organisé au cœur de la réserve naturelle du Vogelzang, à Anderlecht.
C'est quoi un BioBlitz ?
Ce format, né outre-Atlantique dans les années 1990, consiste à inventorier un maximum d’espèces dans un lieu et un temps donnés. L’exercice, à la fois collaboratif, ludique et rigoureux, était une invitation à pratiquer l’observation attentive et à découvrir la diversité des expertises et des engagements qui existent en dehors du cadre institutionnel. Il visait également à confronter les connaissances académiques des étudiant·es aux réalités du terrain, tout en générant des données utiles pour la recherche et la conservation.
La réserve, mosaïque de prairies humides, boisements et lisières, s’est révélée être un écrin idéal pour cette plongée naturaliste. Le projet est né d’une collaboration entre l’ULB, la Commission pour la Conservation de la Nature dans la vallée du Vogelzangbeek (CCN Vogelzang), la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO) et les CNB. Ces derniers ont joué un rôle fondamental en tissant les liens entre partenaires et en accompagnant les étudiant·es dans l’identification des espèces. La richesse du terrain s’est doublée de celle des échanges, portés par des naturalistes expérimentés, heureux de transmettre leur savoir à une nouvelle génération de curieux·ses du vivant.
1119 observations pour 318 espèces distinctes
Les participant·es ont exploré les différents habitats de la réserve selon un protocole mêlant quadrats standardisés et observations opportunistes. Grâce à la plateforme iNaturalist, chaque observation a été photographiée, géolocalisée et documentée. À l’issue de l’exercice, 1119 observations ont été encodées, représentant 318 espèces distinctes. Environ 38 % d’entre elles ont atteint le niveau “recherche”, garantissant leur validité scientifique et permettant donc leur intégration dans des bases de données telles que GBIF (Global Biodiversity Information Facility).
Une variété remarquable
La diversité des groupes recensés reflète l’hétérogénéité écologique du site : près de la moitié des espèces sont des plantes vasculaires, en majorité des herbacées typiques des prairies et lisières. Les insectes représentent plus d’un cinquième du total, avec une belle représentation de diptères, d’hyménoptères et de coléoptères. Araignées, oiseaux, mollusques terrestres et champignons complètent le tableau de cette trame vivante richement structurée.
Les résultats préliminaires issus de l’analyse des données par les étudiant·es révèlent une structuration nette des communautés : les zones ouvertes, riches en lumière et en azote, sont dominées par des espèces végétales à croissance rapide, tandis que les sous-bois accueillent une diversité plus équilibrée, marquée par des espèces indicatrices de sols de type mull mésotrophes. La faune invertébrée suit une logique analogue : en lisière, l’abondance de pollinisateurs et de prédateurs généralistes contraste avec la composition plus stable des zones ombragées, où sont observés gastéropodes et isopodes sensibles à l’humidité.
Le recensement : un enjeu prioritaire
Parmi les espèces exotiques envahissantes recensées figurent notamment la renouée du Japon, le buddleia de David, le robinier faux-acacia, la mouche paon, la bernache du Canada et la perruche à collier. Leur présence, parfois spectaculaire, pose néanmoins des défis majeurs : elles concurrencent les espèces indigènes, modifient les dynamiques écologiques, et compliquent la gestion des espaces naturels. Leur recensement précis constitue donc un enjeu de suivi prioritaire pour adapter les pratiques de gestion écologique à l’échelle locale.
Au-delà des résultats scientifiques, cette activité a marqué les esprits. Elle a permis aux étudiant·es d’explorer des groupes peu abordés dans leur formation, de pratiquer des méthodes concrètes d’inventaire, et d’apprendre au contact de naturalistes chevronné·es. Pour les CNB, cette collaboration illustre à merveille leur mission : transmettre, éveiller la curiosité, et contribuer activement à l’étude et à la préservation de la biodiversité locale. Une première édition prometteuse, que chacun·e espère voir refleurir l’an prochain.
Texte : Roxane Beyns, chercheuse en écologie forestière à l'ULB.