Les limaces, nos petites broyeuses écologiques…

Qui n’a pas pesté, après une nuit pluvieuse, contre les envahisseuses qui dévoraient goulûment les jeunes plants dans le potager ? Rencontre avec une mal-aimée du jardin

Considérées comme nuisibles, combattues dans les jardins avec d’innombrables moyens (parfois peu écologiques), les limaces terrestres jouent pourtant un rôle primordial dans le jardin et dans d’autres écosystème.

Grâce à la production d’un mucus et à leur activité, les limaces ont une action favorable sur le sol, qu’elles aèrent, lient et hydratent. Elles aident en outre à recycler efficacement la matière organique et favorisent par là même occasion l’assimilation des nutriments dans le sol. Elles adorent les végétaux flétris ou les animaux morts et luttent ainsi contre le développement d’éléments potentiellement pathogènes qu’elles convertissent en matière organique prête à être transformée par les micro-organismes présents dans le sol.

« Un peu gluant, mais appétissant »

De texture gluante et d’aspect peu avenant, ces gastéropodes terrestres à la coquille interne, entière ou formée de granulations calcaires, mesurent entre 1 et 30 cm. Elles ont un corps mou, non segmenté, de forme allongée et qui se divise en deux parties : à l’avant, le manteau qui cache la coquille, enferme la cavité pulmonaire et porte quatre tentacules, les supérieures se terminant par des yeux, les inférieures servant d’appendices de préhension et d’organes sensoriels ; à l’arrière, contenant la masse viscérale se développe la queue.

Une ouverture bien visible sur le flanc, le pneumostome, joue le rôle d’orifice respiratoire. La sole (ou pied) permet de se déplacer en rampant :

Quand elles sont dérangées, les limaces se replient pour former une masse arrondie et immobile, patientant tant que le danger potentiel est présent. Sur ces 3 photos, la grande limace rouge (Arion rufus) – la voici face au danger, en position d’attente.

Photo @P.Hindricq

La « dessiccation »

Tous les gastéropodes terrestres contiennent plus de 80 % d’eau et sont donc très sensibles à la dessiccation (la suppression naturelle ou artificielle de l’humidité contenue dans un corps), surtout les gastéropodes sans coquille externe pour se réfugier (comme nos limaces). Elles secrètent en permanence un mucus les protégeant de la sécheresse, mais servant également de défense immunitaire. Lors de périodes chaudes, elles se calfeutrent au fond d’un gîte frais et jeûnent en attendant patiemment la fraicheur du soir, la rosée ou la pluie.

Gentleman avant tout…

La limace, comme la plupart des gastéropodes terrestres, est hermaphrodite. La reproduction est cependant croisée, avec échange en premier lieu des spermatozoïdes entre deux individus différenciés mâles, puis différenciation de la structure génitale pour la production d’ovules. En somme, « d’abord, je suis mâle, puis je deviens femelle... » Les œufs sont généralement pondus dans le sol.

Les limaces de chez nous

En Belgique, on rencontre une vingtaine de limaces dont seulement une poignée est reprise comme réellement problématique dans les cultures. C’est le cas de la limace noire au mucus orangé ou de la limace à taches.

Ci-dessous deux limaces tant craintes par les jardiniers  :

« Rappelez-vous que toutes les limaces participent à l’équilibre des écosystèmes (si celui-ci n’est pas trop sec et exposé pour celles-ci bien sûr). Elles jouent un rôle important d’éboueuses et d’aérateurs des sols ! Et si elles se servent dans vos cultures, vous pouvez toujours les orienter vers le compost ! »

Rédigé par Olivier Roberfroid, malacologue et écopédagogue aux Cercles des Naturalistes de Belgique.