Compost et biodiversité

Du 16 au 24 novembre, c’est la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets (SERD). Cette année, le thème principal sera : le gaspillage alimentaire. Au-delà des recettes 0 gaspi, concentrons-nous sur la valorisation de ces déchets au compost, et son lien avec la biodiversité du jardin.

Une responsabilité partagée et personnelle

Pour produire notre nourriture, notre société exploite des ressources précieuses de manière intensive, avec de lourdes conséquences pour l’environnement. La transformation de vastes étendues de terres sauvages en terres agricoles entraîne la destruction d’écosystèmes et la perte de biodiversité.

Le pompage excessif d’eau douce pour irriguer les cultures assèche les nappes phréatiques et menace les ressources en eau. De plus, l’agriculture intensive épuise systématiquement les sols, les privant de leurs nutriments naturels et réduisant leur fertilité, ce qui rend leur régénération difficile. Bref, nous mangeons la planète.

Bien sûr, à notre échelle, chaque consommateur peut jouer un rôle en faisant des choix alimentaires responsables, que ce soit en privilégiant des produits locaux, de saison, en limitant le gaspillage ou en réfléchissant aux quantités achetées et préparées. (Voir les astuces anti-gaspillage sur le site moinsdedechets.wallonie.be.)

Les avantages d’un compost

Ajout de compost au potager dans le jardin du Centre-Marie Victorin. Formation Jardinage Naturaliste

D’un point de vue économique et environnemental, les avantages d’un compost sont multiples : réduire et transformer les biodéchets ménagers, réduire les émissions de CO2 émises par le système de collecte et de traitement des déchets ménagers. Et enfin produire un compost utilisable au potager, sur votre pelouse ou sur vos plantes.

L’impact sur la biodiversité des sols

Avoir un compost au jardin aide à favoriser la biodiversité microbienne : le compost est un milieu riche en bactéries, champignons et autres micro-organismes qui se nourrissent des matières organiques. Cette diversité microbienne est essentielle pour la santé des sols, car elle décompose et minéralise les matières organiques et ainsi les transforme en nutriments assimilables par les plantes.

En ajoutant du compost au sol, on améliore la structure et la fertilité, ce qui favorise la croissance des plantes, et indirectement la diversité des animaux qui en dépendent.

Il augmente aussi la résilience écologique de nos sols. En favorisant une diversité d’organismes dans le compost et le sol, on soutient des écosystèmes plus résilients, capables de résister aux maladies et aux variations climatiques.

La diversité de micro-organismes dans le compost aide aussi à limiter la propagation de certaines pathologies des plantes en laissant moins de niches écologiques vides. La matière organique aide également à la rétention de l’eau, limite la lixiviation des sols ainsi que le lessivage de ceux-ci.

L’impact sur la faune locale

La mise en place d’un compost crée indirectement un habitat et un garde manger pour les plus petits et les grands animaux. La richesse d’un compost bien équilibré attire les vers de terreau et autres lombrics, les cloportes, les collemboles, et même certains insectes prédateurs ou décomposeurs. Ceux-ci trouvent dans le compost un lieu pour se nourrir, se reproduire et se protéger des prédateurs. En attirant ces animaux, le compost crée un micro-écosystème qui enrichit l’environnement.

1.Cloportes des mousses (Philoscia muscorum). 2. Escargot de type luisant (Oxychilus cf. draparnaudi). 3.Un Polydesme (Polydesmus sp).

Il attire également d’autres animaux, comme les oiseaux, les rongeurs, les hérissons et les musaraignes qui viennent y chercher de la nourriture. Ce processus contribue à la chaîne alimentaire locale et favorise la régulation naturelle des populations d’insectes en constituant un réservoir à auxiliaires. Et par conséquent, en recréant une chaîne alimentaire naturelle, il favorise aussi l’arrivée de prédateurs plus gros comme les rapaces ou les renards.

Pour avoir un compost équilibré (et qui ne perturbe pas le cycle alimentaire des espèces sauvages), il est recommandé de le mélanger, de l’aérer et d’éviter d’y déposer des restes de viande ou de produits laitiers, qui attirent particulièrement les mammifères.

Un équilibre doit être fait entre les matières riches en azote, dites matières vertes ou humides et les matières riches en carbones dites matières brunes ou sèches.

En somme, le compost enrichit et diversifie les sols, ce qui a un effet positif sur toute la chaîne écologique, des micro-organismes aux grands prédateurs.

Rédaction : Pam Pam et Yves Desmons, écopédagogue botanique et Jardinage Naturaliste.


Sources & Ressources :