Comment aider la migration de nos batraciens ?

Les batraciens commencent à migrer en décembre et s’arrêtent dès les premières gelées pour entrer en hivernation. À la fin de l’hiver, lors des nuits pluvieuses et quand la température avoisine les 4 °C pendant 3 jours/nuits consécutives, les adultes se réveillent et entreprennent un voyage périlleux vers les plans d’eau pour s’y reproduire. C’est la migration prénuptiale des batraciens

Vous êtes en voiture…

Bien trop souvent, nos batraciens doivent traverser des routes et des chemins pour rejoindre leur site de reproduction. Ceux-ci sont de véritables pièges ! La route est longue à traverser pour ces petits animaux à peine réveillés.

Il est important de savoir que les batraciens peuvent se faire écraser sous nos roues et aussi être aspirés par le souffle d’une voiture circulant à plus de 30 km/h. En effet, la vitesse génère un courant d’air suffisamment puissant pour aspirer les batraciens qui viennent se cogner violemment sur le bas de caisse avant de retomber, morts sur la route.

•	Restez alerte sur la route dès la fin janvier, surtout entre 19h et 5h du matin.
•	Levez le pied, pas plus de 30 km/h.
•	Respectez les panneaux et les installations mises en place.
•	Attention aux volontaires qui aident sur la route !

Des dispositifs pour aider à la traversée des routes

Pour limiter la mortalité sur les routes, il existe également des infrastructures, soit amovibles, soit pérennes (comme le crapauduc). Dans le cadre du sauvetage de batraciens lancé par Natagora et porté par le Parc naturel Viroin-Hermeton, des dispositifs de récupération des batraciens en migration prénuptiale sont installés chaque année du côté de Viroinval, ainsi que des sites d’actions sécurisés et aménagés pour la mobilisation citoyenne.

Ces installations permettent de récupérer les batraciens (grenouilles, crapauds, tritons et salamandres) en traversée sur la route dans un but de reproduction, ou mise bas de larves dans l’eau (cas unique de la salamandre tachetée). Les batraciens suivent la bâche jusqu’à tomber dans un seau. Les seaux sont transportés jusqu’à l’autre côté de la route le soir et/ou le matin par des volontaires. Les individus piégés dans les seaux sont ensuite libérés au plus près des mares.

Vous êtes à pied ou à vélo…

Vous n’êtes pas pressés ? Arrêtez-vous momentanément pour aider nos batraciens à sortir plus rapidement de la route. Mais attention, n’oubliez pas les bons gestes ! Pour les protéger et vous protéger vous-même, sur la route.

Sens migratoire

La migration a un sens. Dans un premier temps, les individus se dirigent vers le plan d’eau. Dans un second temps, on retrouve des individus qui repartent vers leur site de vie terrestre. En période intermédiaire, on retrouve donc des individus allant dans les deux sens. Ainsi, il est important de déplacer les animaux dans le sens vers lequel ils se dirigent. (La loi de la Conservation de la nature en Région wallonne dit : « par dérogation à l’article 2bis, sont autorisés en tout temps, le déplacement à brève distance d’espèces, nids ou œufs menacés d’un danger vital immédiat à condition qu’ils soient déposés dans un milieu similaire proche de celui où ils ont été trouvés.)

On ne met pas tous ses crapauds dans le même panier !

Pour le déplacement des animaux, deux seaux sont utilisés. Un seau pour placer les crapauds mâles seuls et un seau pour les autres batraciens ainsi que les amplexus déjà formés. C.-à-d. la phase d’accouplement où les crapauds/grenouilles mâles s’accrochent au dos de la femelle.

Les crapauds mâles se reconnaissent à leur posture dressée et aux callosités nuptiales présentes sur les doigts des pattes avant. Il est important d’isoler les mâles dans un seau séparé, car ces derniers s’accrochent à tout ce qui bouge pouvant former un « nœud » de plusieurs mâles entourant une femelle. Il s’agit d’un réflexe reproducteur, entre eux, un petit cri émis par les mâles suffit pour déclencher la séparation si tentative il y a…

•	Sécurisez votre position sur la route (gilet jaune, lampe de poche, etc.)
•	Déplacer les animaux avec précaution et des mains humides.
•	Déplacez-les dans le sens vers lequel ils se dirigent.
•	Séparez les crapauds mâles seuls des autres espèces.

La mobilisation citoyenne

Suite à l’installation des barrages, les citoyens volontaires des communes s’organisent et se mobilisent pendant plusieurs nuits et matinées pour aider les batraciens à traverser. Notamment via les seaux de collecte et la page Facebook du projet « Sauvetage Batraciens – Parc naturel Viroin-Hermeton« . Le sauvetage a lieu chaque année de février à mi-avril.

Un grand merci à tous ces précieux volontaires, Élise Glaude chargée de mission/sensibilisation du Parc, Arthur Timmermans notre herpétologue et écopédagogue, ainsi que les stagiaires, les aidants, les ouvriers et les services travaux des communes de Viroinval !

Envie d'agir ? 

Natagora répertorie les nombreux sites de sauvetages des Batraciens en Wallonie et à Bruxelles, voir la carte via ce lien. 

Vous souhaitez signaler une zone de migration non couverte ? Écrivez à event@natagora.be.

Du côté de Viroinval, rejoignez le groupe Facebook : Sauvetage Batraciens - Parc naturel Viroin-Hermeton.


Rédaction : Arthur Timmermans, Tom Baudoux et Pam Pam

*En 2019, le Parc naturel Viroin-Hermeton a développé un plan annuel d’aide à la migration des batraciens pour les communes de Doische, Viroinval, Philippeville et Couvin. La campagne vise à rassembler et sensibiliser un maximum de citoyens à la problématique de la migration des batraciens.

*En 2021, un partenariat entre le Parc naturel Viroin-Hermeton, Natagora et les Cercles des Naturalistes de Belgique a été développé pour renforcer les moyens de communication, la logistique et la mobilisation citoyenne.