Retour du lynx en Belgique ?

La parole à Michaël Leyman.

« En ouvrant la radio ce matin, j’ai entendu aux informations que « 75 lynx pourraient s’installer en Belgique » (super !)… « si les bons aménagements étaient faits » (à flûte, il y un « mais ») (source : RTBF). Mais quel est ce « mais » ?

Premièrement, il lui faut des territoires qui lui conviennent (les milieux forestiers, avec peu d’activité humaine, et des proies). Bonne nouvelle, l’Université Humboldt, à Berlin, a cartographié les zones où l’espèce trouverait de quoi la satisfaire, et elles semblent assez nombreuses. D’où ce chiffre de 75 lynx (infos et cartes via le lien suivant).


Ensuite, il faudrait que ces territoires favorables soient les plus connectés possibles. De ce côté, hormis la mise en place de réserves naturelles, c’est surtout l’aménagement du territoire qui pourrait le permettre. Le vote est sûrement le meilleur levier que nous avons, dans ce domaine.


Il faudra également que les citoyens acceptent ce prédateur potentiel des troupeaux (même si théoriquement moins attiré que le loup par ceux-ci). C’est un axe dans lequel les guides-Nature peuvent avoir un rôle à jouer.


Enfin, il faudrait diminuer les risques liés aux collisions avec un véhicule. Là aussi, nous pouvons agir sur cela. Tout « simplement » en laissant notre véhicule dans le garage et en achetant local (et donc en faisant diminuer le nombre de camions sur les routes).


Et cela tombe bien que ce soit le facteur sur lequel on a le plus facilement un impact, car il est sûrement le plus contraignant pour l’espèce : « Les collisions représentent en effet « une des principales, sinon la première », cause de mortalité de l’espèce en France, relève le Plan national d’action (PNA) ». Par exemple, « Dans le Doubs et le Jura [français], où vivent plus de 80% des 150 spécimens adultes recensés en France, 13 lynx ont déjà été victimes de collisions en 2024 [au 30 avril] » (source : Science & Avenir). Et quand on sait que notre territoire est l’un des plus denses au monde au niveau des routes…


Il nous est donc possible d’agir pour que le seul représentant actuel de l’espèce sur notre territoire (un mâle présent dans la vallée de la Semois entre février 2020 et fin 2022 ; non revu depuis) ne reste pas éternellement seul… »