De la nuit aux aurores, les RACA à l’Observatoire Centre Ardenne

Le vendredi 10 mai 2024, les aurores boréales ont illuminé le ciel de nos Rencontres Astronomiques du Centre Ardenne, à l’Observatoire. Ces aurores font suite à une tempête géomagnétique causée par une perturbation soudaine dans le champ magnétique de la Terre, généralement déclenchée par des éruptions solaires. Toute la nuit, elles ont pu être observées au télescope, immortalisées en photo et visibles à l’œil nu par nos participants, mais aussi dans toute la Belgique. Découvrez le témoignage de cette nuit très spéciale…

Arrivé en haut de la colline à Grapfontaine, l’Observatoire Centre Ardenne apparait d’un coup. Seule bâtisse au milieu d’une étendu de champs et de chemins. Il y a déjà là des voitures, des camping-cars, des tentes… Certains sont même arrivés un jour avant. Il fait bon, ensoleillé, on est à la mi-mai. Le ciel est dégagé, pourvu qu’il le reste pour nos observations du ciel ce soir !

Tiens, tout le monde se connait, on dirait ? C’est un microcosme ouvert. Il y a une ruche de personnes qui s’activent dehors et dans le petit observatoire. Ils viennent de partout nos astronomes. Ici, il y a toutes les langues (FR, NL, EN). Les nouveaux visages sont remarqués et salués. « Eh salut ! D’où tu viens ? ». C’est vrai, on ne se connait pas, mais la passion nous anime, celle d’observer, d’apprendre, de s’émerveiller. On se tutoie, on est sur la même longueur d’onde. « Tu as quoi comme matériel ? Tes yeux, tes jumelles, un télescope ? Tu observes, tu photographies ? »

À l’extérieur, on se repose de la nuit précédente et on se prépare pour la suivante. On observe le soleil et ses éruptions « Il parait qu’il y aura des aurores boréales cette nuit ! ». On scrute les prévisions météo d’heure en heure, on découvre le matériel de chacun, les milans noirs d’en face. Les hirondelles qui nichent sous les coupoles nous frôlent de quelques mètres. À l’intérieur, on boit un coup avec les copains au bar, les conversations se font autour d’un verre.  Giles, l‘ecopédagogue nous accueille et nous met à l’aise. « Si tu as besoin de quelque chose, tu n’hésites pas. »  Toutes les portes sont ouvertes, il y a des gens dans chaque pièce.

Au planétarium, on entend des rires, des anecdotes, des théories sur les constellations et leurs noms mythologiques. Il y a du partage, Isabelle, l’ecopédagogue est aux manettes « Qu’avez-vous pu observer dans le ciel hier ? ». Il y aussi des demandes « Tu peux nous montrer NGC 2237 ? » On s’emballe, on s’exprime. D’autres restent le nez en l’air et les yeux mi-clos, ils profitent simplement de ce voyage dans le temps et l’espace à la vitesse de manipulation sur les commandes.

Dans l’autre salle, on s’assied face à un écran pour les conférences. Les échanges se font naturellement, on apprend en discutant avec les conférenciers. On découvre une autre vision, une autre perspective. Ils sont pointus nos astronomes, même un peu impressionnants quand ils parlent de leur passion. Ici, il n’y pas de bêtes questions et il y a toujours quelqu’un pour t’expliquer.

Dehors, on s’active en attendant la nuit avec excitation. Une ambiance électrique monte avec l’indice pour les aurores boréales « On est passé à 8 sur l’échelle KP9 ! Tu manges un bout avec nous ? Tu restes la nuit ? » Le barbecue est allumé. Les dernières têtes sortent des tentes pour admirer le magnifique coucher de soleil rasant la plaine derrière l’observatoire. Le ciel est bleu, jaune, rouge. Les premières étoiles sont déjà visibles. Ici, il y a comme une effervescence, les astronomes sont préparés. Ils retirent les protections des leurs télescopes, certains ont déjà pointé leur objet céleste favori pour la soirée.

En quelques minutes, le soleil a passé l’horizon. Le crépuscule nous envahit et la nuit tombe sur nous comme une chape de plomb. La nuit, la vraie. Loin des phares de voitures, des lampadaires, de la pollution lumineuse. En haut dans la coupole, Jean-Paul et Christian font tourner le télescope T600, la douce lumière bleue qui en émane nous guide comme un phare sur le site de l’observatoire.

Un nouveau monde s’allume alors, celui des étoiles et des petites lampes rouges que portent nos astronomes ou leur matériel, dirigées vers le sol. Soudain, le site devient silencieux. Les aurores boréales sont là, le ciel devient rouge, rose. On s’affaire dans le noir, on chuchote. Parfois, on ne sait pas qui parle exactement, où à qui l’on s’adresse… « Tu as vu là-bas ? Tu l’as ? Et ici ? » On pointe à tel degré, dans telle direction, on pose pendant tel timing, on partage et on s’extasie sur ces points dont la brillance nous vient du passé, les étoiles.

Les heures passent tellement vite quand on profite du ciel et du spectacle. Nos astronomes sont noctambules, leur énergie croit au fur et à mesure de la nuit. Vers minuit, le bar ferme tranquillement. « Tu ne restes pas ? Tu peux loger ici si tu veux ? » Oui, il y a toujours de la place pour les passionnés. La prochaine fois peut-être, avec une tente… en attendant, belles observations et à l’année prochaine, comme promis, les amis !


Texte et photos Pam Pam – Aucune photographie ci-dessus n’a été retouchée ou générée par IA. SONY ALPHA 7 – temps de pause 5′ pour les aurores boréales.

Vous souhaitez tenter l’aventure des RACA ? Rendez-vous chaque année lors du long week-end de l’Ascension, à la mi-mai. Plus d’infos sur le site de l’Observatoire Centre Ardenne.