Réflexions sur la biodiversité en carrière

Les carrières, pièges écologiques ?

Les carrières sont plus que des habitats secondaires que les espèces choisissent faute de mieux. Ce sont de véritables refuges, à tel point que la réduction du nombre de carrières actives peut aller de pair avec un effondrement des populations. C’est le cas, par exemple, des hirondelles de rivage dont la proportion de colonies en rivière s’amenuise au profit des grandes carrières qui concentrent des effectifs substantiels. Idem pour le grand-duc d’Europe et le crapaud calamite. En Wallonie, une seule population de ce dernier se trouve encore en milieu semi-naturel, en Lorraine belge ; toutes les autres ont trouvé chaussure à leur pied dans des sites issus des activités industrielles et extractives (Jacob et al., 2007 ; Jacob et al., 2010 ; Anrys, 2016). L’on pourrait dès lors se questionner sur le bénéfice à long terme de l’étroite dépendance qui s’est établie entre ces espèces et les milieux artificiels qu’elles fréquentent. Celle-ci leur sera-t-elle toujours aussi favorable ?

Bibliographie :

Anrys P., 2016. Carrière et biodiversité [présentation PowerPoint lors d’un workshop organisé par la FEDIEX à Bruxelles].

Jacob J.-P. et al., 2007. Amphibiens et Reptiles de Wallonie. Namur : Aves – Raînne et Centre de Recherche de la Nature, des Forêts et du Bois (MRW – DGRNE). Série « Faune – Flore – Habitats » n°2, 384 p.

Jacob J.-P. et al., 2010. Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie 2001-2007. Gembloux : Aves et Région wallonne. Série « Faune – Flore – Habitats » n°5, 524 p.

Gare aux invasives !

Bien que ces milieux neufs et remaniés apparaissent comme difficiles à coloniser pour des espèces banales, ils attirent aussi d’autres candidats, bien moins intéressants et discrets que les espèces rares et/ou menacées citées dans l’article. Buddleia (mieux connu sous le nom d’arbre à papillons), séneçon du Cap, renouée du Japon, solidage du Canada… ces termes vont rappellent-ils quelque chose ? Non, ce ne sont pas les noms donnés aux Quatre Chevaliers de l’Apocalypse… même si nous n’en sommes pas loin. Il s’agit de plantes invasives, dont les capacités à se développer et se propager dépassent de loin celles de sympathiques espèces comme l’orchis homme-pendu, l’alysson calicinal ou le brachypode penné. Leur présence peut constituer un véritable fléau d’ordre biologique, sanitaire, économique ou paysager (ENCEM, 2007 ; FEDIEX et al., sd). La responsabilité incombe à chacun d’endiguer la propagation de ces espèces végétales, notamment par la prévention, mais aussi par un mode de gestion approprié. Il ne suffit pas de couper, broyer, déchiqueter. Surtout pas pour certaines ! C’est par exemple le cas de la renouée du Japon : tout morceau de cette plante peut redonner naissance à un individu… Imaginez les ravages lorsqu’une population de celle-ci est « gérée » le long d’un cours d’eau à l’aide d’une débroussailleuse !

Rendez-vous sur les sites du projet LIFE AlterIAS et de La biodiversité en Wallonie pour comprendre la biologie de ces plantes, savoir comment y mettre un terme et comment les remplacer intelligemment.

http://biodiversite.wallonie.be/fr/invasives.html?IDC=3519

Bibliographie :

ENCEM, 2007. Carrières de roche massives – Potentialités écologiques. Analyse bibliographique et réflexions. ENCEM & CNC – UNPG, 176 p.

FEDIEX, SPW-DGO3 & Pierres & Marbres Wallonie, sd. Carrières & Biodiversité [brochures].