Cette année, les CNB rejoignent la campagne « En mai, tonte à l’arrêt » en tant que partenaires. Cette initiative du magazine « Le Vif », invite les citoyens, ainsi que les organismes publics et privés à ne plus tondre leur gazon pendant un mois et à observer les résultats sur la biodiversité.
Vous aussi, en tant que citoyen, Cercle et commune, vous pouvez participer ! Rien de plus simple, il suffit de ne rien faire, rangez votre tondeuse pendant un mois et laissez la nature prendre le relais.
Marche à suivre pour participer au projet
- Inscrivez votre jardin sur levif.be/enmaitontealarret
- Laissez votre gazon (ou une partie de celui-ci) non tondu pendant le mois de mai.
- Le week-end du 24 au 26 mai, comptez les fleurs sur un mètre carré de gazon non tondu et enregistrez-les sur levif.be/enmaitontealarret
- Vous recevrez immédiatement votre indice nectar par e-mail.
- Sur base de tous ces indices individuels, la faculté Gembloux Agro-Bio Tech de l’ULiège calculera l’indice nectar national. Celui-ci sera révélé le jeudi 6 juin dans Le Vif.
Quelques conseils pour prolonger l’expérience…
Les CNB sont favorables à cette initiative, mais nous vous encourageons à prolonger l’expérience pour de bon !
- En délimitant des zones sans humains ni machines, sauvages, grâce à la tonte différenciée.
- En créant des réservoirs pour que la flore puisse se régénérer, comme par exemple des parterres de fleurs indigènes sur le parcours des insectes au potager et au verger.
- En construisant des refuges pour la faune (tas de bois, branches, feuilles, pierres, mares…)
- Laissez s’épanouir le potentiel végétal de votre jardin pour préserver votre sol et favoriser toutes les espèces : micromammifères, oiseaux, batraciens, insectes, gastéropodes, araignées, myriapodes, etc.
La tonte différenciée
« Dans notre jardin de Fagnolle, je pratique une gestion en mosaïque. D’un côté, des parties tondues régulièrement favorisant certains oiseaux (merles, étourneaux…) qui y trouvent plus facilement leur pitance (lombrics notamment) et aussi certains petits champignons (Panaeolina foenisecii, Agrocybe pediades, Hemimycena mairei…) qui ne pourraient pas s’exprimer dans une végétation dense et haute.
De l’autre, des floraisons qui profitent à de nombreuses espèces et développent des feuilles en rosette basilaire : primevères officinales, plantains, porcelles enracinées, pâquerettes, pissenlits… De plus, si comme chez nous, vous utilisez la tonte pour pailler votre potager et/ou diversifier votre compost, vous en ferez un bon recyclage ! » – Bernard CLESSE, écopédagogue botaniste et mycologue.
Le temps de vivre
« Pour toute une série d’espèces, l’arrêt de la tonte est important, mais un mois, c’est parfois trop court ! Certaines espèces d’insectes vont avoir besoin de tiges creuses et sèches pour y faire un cycle de reproduction sur plusieurs mois voire sur deux années. Il est donc important de laisser dans un coin de son jardin, des zones où la tonte ne se fait pas et s’alterne sur trois ans. Cela permet à d’autres fleurs et insectes d’avoir le temps et l’espace pour s’y développer et de faire se développer la vie. » – Quentin HUBERT, écopédagogue, paysages et cartographie.
« S’il est bien connu que la pollinisation des fleurs est réalisée par les abeilles/bourdons, les papillons de jour, les syrphes, etc. C’est sans parler de la pollinisation nocturne due au presque 2700 espèces de papillons de nuit totalisant un nombre considérable d’individus potentiellement pollinisateurs ! Leur importance dans la pollinisation, bien que méconnue, est en réalité indispensable pour l’environnement et de nombreuses fleurs qui ne comptent que sur eux ! En ne tondant pas, les fleurs pourront s’épanouir et attirer les papillons de nuit avec leurs parfums. » – Stéphane CLAEREBOUT, écopédagogue et entomologue.
Une machine contre-nature
« Les tondeuses à gazon, robot ou non, ainsi que les débroussailleuses, infligent coupures et mutilations aux petits mammifères de nos jardins. Ces machines sont souvent fatales, particulièrement aux hérissons, qui ne fuient pas, mais s’immobilisent en boule en cas de danger.
Les taupinières vous gênent-elles ? Prélevez cette terre bien aérée pour le potager ou pour vos plantes en pots ! Cela ne dérangera nullement la taupe, qui s’affairera à éliminer les larves d’insectes potentiellement ravageurs de vos plantations. Certes, mulots et campagnols menacent les plantations de fruitiers, mais si vous laissez ne serait-ce que quelques zones sauvages dans votre jardin, aux pieds de la haie d’essences indigènes par exemple, vous pourrez compter sur la belette, l’hermine et la fouine, voire le renard, pour les éliminer et dissuader leurs descendants de pulluler... » – Isabelle PIERDOMENICO, écopédagogue spécialiste mammifères.
La mode des jardins tondus, pourquoi ?
« De nos jours, les jardins se garnissent de pelouses tondues avec une grande régularité. Mais d’où cela vient-il ? Les premières « pelouses » étaient sans doute à l’origine les près communaux où les citoyens du village pouvaient laisser paître leur bétail, la « pelosa« . André Le Nôtre, sur la demande de Louis XIV, inclut dans ses jardins un tapis vert que l’on surnomme l’allée royale. Le jardin à l’anglaise va par la suite accentuer cela, le fait de pouvoir allouer des surfaces à un loisir non-productif d’un point de vue alimentaire étant un signe extérieur de richesse. Ainsi naissent les garden-parties.
Avec l’arrivée des tondeuses dans les années 1830, la tonte de la pelouse devient un concept accessible à toutes les classes progressivement. C’est ainsi que les jardins perdent en diversité pour devenir monochromatiques avec seulement quelques nuances de vert. Malheureusement, ces jardins s’appauvrissent en diversité et accueillent souvent des graminées qui ne sont pas toujours adaptées à la station. » Yves DESMONS, écopédagogue, botaniste et jardins naturalistes.
En arrêtant la tonte, que va-t-il se passer ?
« D’un point de vue esthétique, votre pelouse va se colorer et se diversifier. La végétation va permettre de garder l’humidité et de rafraîchir l’espace, d’alimenter une multitude d’insectes, mais aussi vous permettre par l’observation de ce que de mauvaises langues qualifient d’adventices ou d’indésirées, d’identifier les caractéristiques de votre sol et donc à postériori de mieux adapter votre pratique de la tonte.
La diversité est le maître-mot que ce soit du vivant ou des pratiques et ne plus tondre pourrait à l’avenir devenir un signe extérieur de richesse comme cela le fut en son temps pour les déserts verts que constituaient les pelouses. » – Yves DESMONS, écopédagogue, botaniste et jardins naturalistes.
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