Bijoux printaniers

Sébastien nous raconte cette double rencontre lors d’une balade familiale de ce début de printemps.

par Sébastien Renson, écopédagogue au Centre Marie-Victorin (CNB)

Bois de Forges (commune de Chimay), le 26 mars 2020.

Le soleil est là et le printemps s’installe petit à petit. L’occasion de prendre l’air en famille à quelques centaines de mètres du domicile après une journée plus ou moins studieuse pour les enfants…

Arrivés près d’un bosquet de vieux douglas, mon œil est attiré par un reflet bleuté dans l’écorce d’un de ces vénérables arbres à environ un mètre du sol. L’écorce de ces arbres est très épaisse et crevassée, fournissant une multitude de cachettes pour les petites bêtes qui veulent passer l’hiver à l’abri et au chaud. Et là, en y regardant de plus près, me voilà nez à nez avec un couple de carabes tendrement enlacés et encore engourdis par la fraîcheur printanière. Mais cette torpeur s’évanouit très vite, vu l’intérêt et la curiosité du prédateur potentiel que je suis ! Juste le temps de faire quelques photos pour fixer cette rencontre sympathique !

L’espèce observée est donc la suivante : Carabus (Mesocarabus) problematicus… mieux connu sous le nom de carabe problématique. Mais quel est son problème ?

Visiblement les scientifiques qui se sont penchés sur la classification de ces charmantes bêtes que sont les carabes ont eu beaucoup de mal à le distinguer de son grand frère « le carabe violet » (une histoire de stries et de ponctuations sur les élytres ainsi que de taille entre autres). Mais ce n’est pas tout : le carabe problématique est très largement répandu dans une multitude de pays européens et dans des milieux très divers (des forêts denses aux éboulis montagnards), formant alors des sous-populations aux critères morphologiques parfois très différents ! Un casse-tête entomologique !

Heureusement dans nos régions, l’aspect du carabe problématique est peu variable. Il semble nettement préférer les forêts, où il chasse une foule d’invertébrés et larves en tous genres.

En tant qu’amateur de petites bêbêtes à 6 ou 8 pattes, j’ai toujours du mal à résister contre mon réflexe de voir la vie qui grouille sous chaque souche ou morceau de bois pourrissant au sol. Et me voilà, de nouveau nez à nez avec une autre espèce de carabe aux couleurs plus contrastées, le carabe à reflets dorés Carabus (Chrysocarabus) auronitens ! Quel magnifique insecte ! Mais d’une rapidité effarante ! À peine le temps de dégainer l’appareil photo et il a disparu. Il ressemble au rare et protégé carabe doré –
Carabus (Tachypus) auratus – dont les stries élytrales noires sont effacées.

Même si ces espèces ont été rencontrées en forêt, il existe une multitude de carabes pouvant coloniser vos jardins et potagers, à la condition de pouvoir disposer de tas de pierres, de bois ou de compost où ils peuvent se réfugier. La majorité des carabes ont des comportements nocturnes, ils agissent donc dans l’ombre, mais leur intérêt est indéniable. Les limaces, chenilles et autres petites larves « indésirables » n’ont qu’à bien se tenir ! Vous savez ce qu’il vous reste à faire pour pouvoir accueillir ces charmantes petites bêtes chez vous…