Le monde carrier : état des lieux en Wallonie

Avant de commencer, peut-être est-il intéressant de se demander ce qu’est une carrière au sens légal du terme. Le décret « Carrières » du 04 juillet 2002 les définit ainsi : « Les carrières sont les activités assurant l’extraction et la mise en valeur des masses de substances minérales ou fossiles renfermées dans le sein de la terre ou existant à la surface et qui ne sont pas classées comme mines. »

Les carrières ont, de tous temps, accompagné les Hommes. Elles font partie intégrante de notre patrimoine, sont indissociables de notre histoire. Au Néolithique déjà, le travail de la pierre existait. De la confection maladroite d’un outil à la fabrication de nos pâtes à dentifrice, en passant par les chaussées romaines et les milliers de kilomètres de ballast pour nos lignes de chemin de fer, l’industrie extractive intervient dans nombre d’applications de notre quotidien (ICEDD, 2007). La plus familière, qu’on aurait tendance à oublier pourtant, est celle de la construction. Briques, tuiles, carreaux, mortier, peinture, isolation… Difficile pour l’instant d’imaginer comment s’en passer.

Loin de cet article l’idée d’écrire un plaidoyer du monde carrier. Remettons simplement les cailloux à leur place avec ce « bête » exemple du paquet de sucre qui trône sur notre table chaque matin pour agrémenter le meilleur moment de la journée qu’est le (petit-)déjeuner : pas moins d’un cinquième de son poids en calcaire a été nécessaire pour le fabriquer (Poskin, 2010).

À ses origines modeste et locale, l’exploitation des ressources du sous-sol a suivi l’accroissement des besoins humains avec une augmentation du nombre de sites d’exploitation, favorisée par le développement concomitant des voies de communication (ICEDD, 2007).

Depuis la deuxième moitié du XXe siècle pourtant, le nombre de sites en activité a drastiquement diminué, conséquence entre autres de l’appauvrissement de gisements, de coûts d’exploitation prohibitifs, de la concentration de l’activité sur les sites les plus importants. De nos jours, la Wallonie compte quelque 180 sites carriers contre 700 dans les années 1970 ! Cela représente près de 15 000 ha au plan de secteur, soit 0,9 % du territoire (ICEDD, 2007 ; Poskin, 2010).

Petit pays, mais grande diversité et abondance des ressources souterraines, particulièrement en Wallonie. Voilà bien la richesse – si ce n’est le fardeau ? – de notre patrie.

Du fait de leur poids et de leur faible valeur unitaire, les produits issus des carrières sont relativement peu échangés au niveau international et appartiennent dès lors davantage au circuit court. N’est-ce pas les revendications entendues à tout va à l’heure actuelle ? Fonctionner ensemble pour plus de proximité, moins d’intermédiaires, en soutenant les producteurs locaux ? Bon point donc pour l’industrie extractive. Cependant, celle-ci n’est pas à l’abri de la concurrence étrangère, chinoise notamment en ce qui concerne l’extraction de la pierre ornementale. Une pierre exotique disponible à très bas prix. Qui veut ? Certains y verront peut-être aussi l’avantage de porter ailleurs les plaies faites au paysage. Le phénomène « NIMBY », ça vous dit quelque chose ? (Poskin, 2010 ; SPW-DGO3, sd)


Bibliographie :

ICEDD, 2007. Rapport : Situation Environnementale des Indutries. L’industrie extractive. Namur : Institut de Conseil et d’Études en Développement Durable, 65 p.

Poskin E., 2010. Activités extractives en Wallonie : une coordination nécessaire. Rapport Etopia, 11 p.

SPW-DGO3, sd. Bref aperçu de l’industrie extractive wallonne
environnement.wallonie.be/enviroentreprises/pages/etatEnviIndustrie.asp.